Anecdote : André et son Cheval
|
Nous vous proposons de découvrir ou de redécouvrir quelques extraits d'un recueil d'anecdotes sur Sainte Marguerite et ses habitants.
Ces petites bribes de vie puisées dans sa mémoire nous sont racontées par Roland Lamétrie dans un français mélé de cauchois... |
André et son Cheval

Deux inséparables.
«Presqu'aussi vieux qu'mei !» affirme André. Quand il charriait du fumier, le banneau n'était plein qu'à demi. «Faut pas le fatiguer ! Il n'est pus tout jeune !». Au retour des champs le cheval s'arrêtait toujours au même endroit, broutant l'herbe. André en profitait pour rouler une cigarette, bien doucement. Et nos deux amis retournaient à la ferme d'un pas tranquille, côte-côte.
Aveuc les ans, le banniau roulait tout grinchant de plus en plus lentement. «L'était temps qu'j'arnvions, mon Bijou; j'veyais ben qu'tu feignais. Mei itou, tu sais !»
Un ami eut la malencontreuse idée de lui conseiller de vendre sa vieuille carne à la boucherie chevaline et d'acheter une jeune bête. Furibond, André répliqua «Jamais ! I mourira sus son lit tout com'mei !» Un matin, alors qu'il portait le picotin à son qu'va, André trouva Bijou étendu sur sa litière, raide. Figure renfrognée, il revint à sa cuisine. «Appelle l'écorcheux !», dit-il à Danièle, sa soeur. De toute la journée il se trimbala d'une piéche à l'autre, gronchant pou des rens. Malhureux, rabâchant la même antienne, toujou sus le même air
«Que malhu ! Mon Dieu que malhu !». |
|
Source : Extrait du livre «Sainte-Marguerite-sur-Mer au gré du temps» de Roland Lamétrie |
|